Alexis Artaud de la Ferrière – Metanoia Accomplished vs. Metanoia Interrupted – Metanoia Symposium 2024

EN

The notion of metanoia gives rise to many conceptual questions. Does it properly describe an act a person performs, or an experience they receive? Does it constitute a return to an authentic original state or a rebirth into a new identity? Does it occur in a single moment or gradually over time? Alone or in company?

But the question I’d like to start with is this: does metanoia happen at all? And the answer I will present here, very briefly, is ‘yes’ – but not necessarily in the way we expect or wish it to.

Pierre Hadot (1968) held that “the idea of conversion represents one of the constitutive notions of Western consciousness and conscience. In effect, one can represent the whole history of the West as a ceaseless effort at renewal by perfecting the techniques of conversion, which is to say the techniques intended to transform human reality.”

This rather sounds like an argument in favour of metanoia as something real. But we should be attentive to a tension in Hadot’s account. In the first instance, we hear that the pursuit of personal transformation is constitutive of who we are as Western people. But on the other hand, we also hear that the history of the West is driven by a search to perfect the techniques of conversion – and further, that those techniques are intended to transform humanity.

But what are we to conclude about the efforts of our predecessors if each of their successive techniques required further perfection? And how should we judge the fruits of their conversions if we have sought, generation after generation, to find better means of transforming the human reality which we inherit? Did their conversions not effect any such transformation?

On the one hand, one might be tempted to take a whiggish view and think of conversion as a technology like powered flight. On this view, the history of innovation in the realm of metanoia attests to our objective progress over time: our predecessors had rudimentary  means of conversion like they had rudimentary means of flight, and just as you would rather cross the Atlantic in an Airbus than in a Sopwith Camel, you would rather entrust your ethos to modern techniques than to ancient ones. Personally, I don’t find this notion convincing.

On the other hand, one might suppose that, although the idea of conversion is constitutive of Western consciousness, the fact of conversion was almost entirely absent from the course of Western history. Metanoia on this view is something like alchemy. It offers an enticing prize – but one that is probably unattainable, regardless of the technique employed. Admittedly, this would be a rather pessimistic note on which to start our symposium!

So here is a third solution to this puzzle of our reiterative struggle of conversion. Maybe there is a disjunction between a certain ideal of metanoia accomplished which we idealise, and the experience of metanoia interrupted which we can actually obtain. And by elevating the ideal, we diminish the real experience – perhaps even to the extent that we doubt its reality and fail to obtain its promises.

FR

La notion de métanoïa donne lieu à de nombreuses questions conceptuelles. Décrit-elle correctement un acte accompli par une personne ou une expérience qu’elle reçoit ? Constitue-t-elle un retour à un état originel authentique ou une renaissance dans une nouvelle identité ? Se produit-elle en un seul instant ou progressivement au fil du temps ? Seul ou en compagnie ?

Mais la question par laquelle je voudrais commencer est la suivante : la métanoïa se produit-elle vraiment ? Et la réponse que je vais présenter ici, très brièvement, est « oui » – mais pas nécessairement de la manière dont nous l’attendons ou le souhaitons.

Pierre Hadot (1968) a soutenu que « l’idée de conversion représente l’une des notions constitutives de la conscience et de la conscience occidentales. En effet, on peut représenter toute l’histoire de l’Occident comme un effort incessant de renouvellement en perfectionnant les techniques de conversion, c’est-à-dire les techniques destinées à transformer la réalité humaine. »

Cela ressemble plutôt à un argument en faveur de la métanoïa en tant que quelque chose de réel. Mais nous devrions être attentifs à une tension dans le récit de Hadot. En premier lieu, nous entendons que la quête de transformation personnelle est constitutive de ce que nous sommes en tant qu’Occidentaux. Mais d’un autre côté, nous entendons aussi que l’histoire de l’Occident est motivée par la recherche du perfectionnement des techniques de conversion – et que ces techniques sont destinées à transformer l’humanité.

Mais que conclure des efforts de nos prédécesseurs si chacune de leurs techniques successives exigeait un perfectionnement supplémentaire ? Et comment juger les fruits de leurs conversions si nous avons cherché, génération après génération, à trouver de meilleurs moyens de transformer la réalité humaine dont nous héritons ? Leurs conversions n’ont-elles pas entraîné une telle transformation ?

D’un côté, on pourrait être tenté d’adopter une vision whig et de considérer la conversion comme une technologie comme le vol motorisé. Selon cette vision, l’histoire de l’innovation dans le domaine de la métanoïa témoigne de notre progrès objectif au fil du temps : nos prédécesseurs disposaient de moyens de conversion rudimentaires comme ils disposaient de moyens de vol rudimentaires, et de la même manière que vous préféreriez traverser l’Atlantique en Airbus plutôt qu’en Sopwith Camel, vous préféreriez confier votre éthique aux techniques modernes plutôt qu’aux anciennes. Personnellement, je ne trouve pas cette idée convaincante.

D’un autre côté, on pourrait supposer que, bien que l’idée de conversion soit constitutive de la conscience occidentale, le fait de la conversion était presque entièrement absent du cours de l’histoire occidentale. Selon cette vision, la métanoïa est quelque chose comme l’alchimie. Elle offre un prix alléchant – mais qui est probablement inaccessible, quelle que soit la technique employée. Certes, ce serait une note plutôt pessimiste sur laquelle commencer notre symposium !

Voici donc une troisième solution à cette énigme de notre lutte réitérée pour la conversion. Peut-être y a-t-il une disjonction entre un certain idéal de métanoïa accomplie que nous idéalisons et l’expérience de métanoïa interrompue que nous pouvons réellement obtenir. Et en élevant l’idéal, nous diminuons l’expérience réelle – peut-être même au point de douter de sa réalité et de ne pas obtenir ses promesses.

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